Ce que j'appelle travail n'en a pas en fait été un, étant donné le réel
plaisir que j'ai pris à l'effectuer, autant pour Lo Noste Béarn, que
pour lebearn.net. Malgré le fait d'avoir pratiquement toujours vécu au
país, j'ai fait énormément de découvertes, qui ont été autant
d'incitations à poursuivre mes investigations. En premier lieu, j'ai
été étonné d'apprendre que ce pays de Béarn avait une aussi
longue histoire; surpris qu'il ait été occupé par l'homme
depuis si longtemps et sur une aussi grande partie de son territoire,
comme le prouvent un nombre impressionnant de vestiges préhistoriques,
auxquels ont succédé à l'époque protohistorique, quantité de tumuli ,
dolmens, cromlechs, grottes sépulcrales, oppidums... mis à jour un peu
partout dans le Béarn.
J'ai
eu un choc en apprenant que nos montagnes même, avaient été fréquentées
depuis des temps immémoriaux. En font foi, un nombre très important de
tumuli et cromlechs mis à jour en haute montagne béarnaise:
par exemple, dans la seule commune de Borce, on a compté 11 cromlechs
et 19 tumuli,
plus ou moins évidents, dans un état plus ou moins bien conservé. Il en va peu ou prou de même pour chaque
commune des vallées (Aspe,
Barétous, Ossau). En dehors de
la zone montagneuse, et des passages transfrontaliers, les découvertes
ont souvent été faites en grande partie sur d'anciennes voies antiques
servant à la transhumance et aux échanges commerciaux [
cami salié (voie du sel) , cami aussalès
(chemin de transhumance des bergers ossalois) , chemin Henri
IV(joignant le Béarn à la Bigorre) , chemin des
Poudges..(épousant les arêtes des crêtes) .et autres...] ;
Les vestiges parsemant ces voies, ont permis aux archéologues
et aux historiens de mieux en déterminer le tracé. Des voies
romaines, puis vicomtales ont épousé les parcours
protohistoriques primordiaux.
Au vu du nombre impressionnant d'oppidums, mottes, turons et tous les
témoignages d'aménagements de type défensifs sur les dômes des
collines, on ressent le sentiment (peut-être un peu subjectif) d'une
vie très dure, dans laquelle chacun devait penser avant tout à sa
survie. On imagine des sortes de glacis; "no-man's-lands" dans les
bas-fonds, occupés souvent certainement par des marais, (vu le nombre
impressionnant de noms de lieux qui font référence à un terrain boueux
, marécageux....) , des landes maigres ou des bois touffus... et à
contrario, des oasis de paix relative au sommet et/ou sur les
flancs des collines. Le nombre considérable de mottes,
castéras, turons, "camps de César" (les mal-nommés)
est -je le répète- révélateur à ce sujet, si bien qu'on a
l'impression que dans certains secteurs, chaque colline s'est trouvée
fortifiée à un moment ou à un autre de l'histoire de lo noste Païs.
Nombre de ces camps retranchés laissent encore des empreintes nettement
visibles sur le sol et indirectes dans la toponymie. C'est ainsi qu'on
trouve des "quartiers du Turon", des "rue Mouta" etc... Ces élévations
sont à l'origine de l'histoire de
leur village car elles ont servi à l'édification d'abord de
camps protégés par des enceintes en bois, puis de châteaux féodaux
et/ou d'églises, souvent fortifiées. A noter que plusieurs églises ont
été édifiées sur l'emplacement d'anciens châteaux forts. Il y a eu
souvent un "mélange des genres", pourrait-on dire !
|
Le constat ci-dessus concerne les 2/3 supérieurs du Béarn, car il en
allait différemment en ce qui concerne les vallées , au sud.
Elles jouissaient d'un régime de semi-indépendance procuré notamment
par les privilèges relevant des "FORS"
promulgués dès le début du XI° siècle (an mille) , lesquels ne
faisaient qu'entériner la réalité des faits. Dans ces vallées, les
relations entre individus n'avaient pas un caractère féodal, mais
nettement communautaire, avec l'application de certaines valeurs comme
la solidarité, l'entraide, l'égalité sexuelle, la justice réelle...mais
oui!
Revenons
à nos moutons; c'est à dire au Béarn Piémontais : N'oublions pas que
certains châteaux et églises ont également été édifiés sur des vestiges
de villas gallo-romaines qui n'étaient pas rares en Béarn, loin de là .
Certaines étaient très étendues (Lalonquette, Garlède, Lescar...). Les noms des lieux qui y font référence sont
souvent nommés glisias, ce qui peut entraîner une certaine confusion
toponymique.
Ces villas gallo-romaines dont certaines étaient très développées, ont
d'ailleurs été souvent à l'origine de noms de villages (noms se
terminant par le suffixe ...acq qui veut dire ..qui appartient à
). Les noms se terminant par le suffixe ..os indiquent une
origine beaucoup plus ancienne... pré-indo-européenne, pour le moins;
c'est-à-dire avant toute incursion étrangère notamment des
celtes (- 400 av JC). Ces terminaisons pourraient se traduire
par ... lieu où il y a , lieu où l'on trouve, lieu caractérisé par ?!?!
(sans que j'y mette ma main au feu).
Une
autre de mes multiples surprises a été de découvrir
le nombre pléthorique de -castets-
"châteaux" parsemant
lo noste Béarn. . Ceci s'explique surtout
par le genre d'attribution particulier des titres nobiliaires en
Béarn
En Béarn, la noblesse n'était pas héréditaire,
mais réelle, c'est-à-dire attachée à la possession d'une terre déclarée
noble. Pour appartenir à la noblesse, il suffisait donc d'être possesseur d'un
quelconque petit morceau de terre dite noble -dotée d'un statut
particulier-. De ce fait, paysans enrichis, marchands aisés, magistrats, grands
fonctionnaires, écuyers émérites etc... trouvaient par ce
biais, le moyen d'entrer dans le corps de la noblesse. En outre, le
vicomte avait le droit d'anoblir quelque maison , quelque terre qu'il
souhaitât, en tant que récompense pour un service rendu...ou par
anticipation. Tout ceci explique la multiplication de maisons dites
nobles.
Mais en général et par voie de conséquence, chaque fief était peu
étendu et les droits féodaux perçus étaient vraisemblablement peu
rémunérateurs,
d'où la modestie de
la plupart de nos "châteaux". Château a été mis entre
guillemets car en fait, il s'agit en général , plus de manoirs,
gentilhommières , ou maisons fortes. A noter que quantité de châteaux
cités dans des écrits anciens, n'existent plus : détruits le plus
souvent, laissés à l'abandon parfois, victimes de règlements de comptes
la plupart du temps. Certains ont été reconstruits plus tard sur les
anciennes fondations et remodifiés , ou érigés plus loin; d'autres ont
servi de base à la construction d'églises (transformées en forteresses)
et l'on trouve ainsi en Béarn, plusieurs
tours<-->clochers.
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Le nombre de "nobles" était élevé en Béarn, mais leur domaine et leur
train de vie restreint (de ce fait) , explique la modestie de leur
demeure. Beaucoup de ces "constructions" ont pour origine des abbayes laïques,
que ce soit des châteaux, des églises ou bien souvent les deux
ensemble, accolés; ainsi qu'était leur vocation première. Ces
fameuses abbayes laïques (bel oxymoron) représentaient un
mode d'accession possible (et quelque peu détourné faut-il le dire)
dans le grand corps de la noblesse. La fonction et le cadre dans
lesquels elle s'exerçait étaient confondus, contribuant à complexifier
les choses et les rendre ambiguës. Le cumul n'étant pas interdit, elles
recouvrirent parfois des seigneuries également. Abbés? grands
bourgeois? seigneurs???? .. un peu les trois, mais surtout grand
décimateur (récolteur des revenus de la dîme)-- le caperan se
contentant d'être un petit décimateur.
Une autre découverte a été de constater à quel point les combats
avaient été rudes au moment des guerres de religion, (en l'an
1569 notamment). Catholiques et protestants se sont affrontés sans
pitié, par peuple interposé le plus souvent. Après lecture de
ces évènements, on a l'impression d'un peuple ballotté (n'ayant pas son
mot à dire) , subissant les obligations et ordres imposés tour à tour
par chacun des camps: la religion servant en l'occurrence à différents
desseins personnels et politiques. Sur le plan matériel la quantité de
constructions détruites , incendiées paraît phénoménale (églises
romanes, temples, châteaux, bastides, tombes profanées...) .
Cette année 1569 ; vrai "annus horribilis" a été l'année
(essentiellement l'été 1.569) la plus noire de son histoire
pour le Béarn. Notre païs y perdit là, la moitié au
moins de son patrimoine architectural. .... finalement pour
des histoires d'œufs, à couper par le petit bout ou le grand bout.
Il ressort de tout ceci que beaucoup de châteaux et d'églises
ressemblent à du "patchwork", car ils ont été raccommodés,
agrandis (ou réduits), largement modifiés au fil des siècles, et le
bâtiment d'origine est difficile à appréhender, parfois même à
concevoir. C'est ainsi que châteaux comme églises conservent seulement
certaines parties ou objets, classés, dans l'inventaire général du
ministère de la culture, et non la totalité..
|
Le pèlerinage de
Compostelle , encouragé, voire initié par le
vicomte Gaston IV le Croisé , a eu un fort impact sur l'histoire du
Béarn. Il y a eu comme corollaire à cette volonté de faciliter le
passage des Pyrénées aux pèlerins, la construction de
beaucoup de bâtiments religieux. On trouve ainsi quantité d '
hospices-espitaüs , abbayes, monastères et autres Commanderies, érigés
tout au long de nouvelles voies tracées pour la circonstance
. La plupart de ces constructions n'apparaissent plus que sous la forme
d'un nom de lieu. (exemple le quartier Lespiau à Bougarber..)
Ces voies étaient -et sont toujours- plus nombreuses que je
ne l'aurais cru, avec beaucoup de voies secondaires, des variantes, des
"traverses", qui complètent les voies principales pour en faire un
véritable réseau.. Beaucoup de villages ont été créés à cette occasion
comme Lacommande, Mifaget, Gabas...
Un hospice aussi important que celui de Sainte-Christine-du-Somport,
sis en contrebas de la frontière espagnole , entre le col du Somport et
la station espagnole de Candanchu, possédait d'immenses
domaines en Béarn, à l'instar des plus puissants seigneurs.
C'était un des trois principaux hôpitaux du monde chrétien
. La création de ces "lieux saints" entraîna l'ouverture de
brèches , consécutives au percement de voies à travers d'immenses
forêts impénétrables auparavant, et par conséquent, des défrichements
aux alentours qui permirent la constitution de nouveaux centres
d'habitats, ...dans des contrées autrefois réputées sauvages.
Quelques personnages reviennent souvent dans l'histoire du Béarn: comme
Gaston
IV dit Le Croisé qui a participé aux croisades
en Palestine, puis guerroyé en Espagne auprès du roi d'Aragon, pour en
chasser les maures . En s'y montrant à son avantage, dévoué envers son
puissant voisin, le roi d'Aragon, il en gagné l'indépendance (tacite)
du Béarn. Gaston VII de
Moncade a mis en place la plupart des
institutions et une forme de gouvernement relativement démocratique qui
perdurera longtemps, peu ou prou dans sa forme initiale . Il fonda
également les premières
bastides. et le Béarn n'en est pas privé. Sa fille Marguerite de
Béarn poursuivit son oeuvre, ainsi que Gaston II,
comte de Foix.
Son petit fils Gaston Fébus
, fut le vicomte le plus charismatique du Béarn, de par sa culture, son
intelligence, ses talents artistiques certains, mais il pensa surtout à
exercer le pouvoir tout seul (autocratie) et à agrandir son territoire.
Il fut à deux doigts de réaliser son rêve; soit la création d'un
royaume pyrénéen , du comté de Foix jusqu'à la Soule, qui eut pu faire
front aux royaumes de Navarre, d'Aragon et de France .
Quant à lo noste Henric (Henri IV),
il n'a entrepris quasiment aucune action d'importance concernant le
Béarn, dans quelque domaine que ce soit, car il avait en tête des
desseins plus grandioses que celui de s'occuper de l'amélioration des
conditions de vie de ses ouailles. Toutefois durant son règne, il a
conservé au Béarn son autonomie, volonté que n'a pas eue son traître de
fils: Louis XIII, venu en 1620 sur les terres de ses ancêtres
imposer son diktat.
Les guerres de religion digérées et oubliées, le Béarn connut une
période de développement croissante: L'agriculture s'est développée,
modernisée, le commerce s'est établi, l'artisanat puis l'industrie ont
fait leur apparition, notamment dans quelques villes au pied des
Pyrénées: surtout Arudy (tanneries, marbre...), Nay et Oloron
(tissages, bérets, linge béarnais, petite industrie..)
Le XIX° siècle a été l'apogée de cette période et quantité de communes
y ont atteint leur nombre d'habitants maximum: la vallée d'Aspe
en est un bon exemple avec notamment Lescun passé de 1500 habitants
alors à 200 aujourd'hui
|
CONCLUSIONS
D'abord sur le plan démographique, on constate actuellement en Béarn
deux tendances opposées, en phase avec le contexte général
actuel
1°) un accroissement concernant les villes et leur périphérie (surtout
la banlieue paloise). Il en est de même à un autre niveau pour les
chefs-lieux de canton. Les palois n'hésitent pas à aller habiter de
plus en plus loin de Pau, de préférence vers le nord , puis vers l'est
et l'ouest (question prix des terrains?).
2°) d'autre part, la campagne béarnaise ne résiste pas à l'érosion
démographique, que ne font que ralentir tourisme vert et or
blanc, dans le meilleur des cas.
La
dépopulation est davantage sensible dans le Vic-Bilh où elle s'accroît
en allant vers l'est et la Bigorre. Un secteur particulier concerne le
bassin de Lacq où l'on constate l'entame d'une régression, d'ailleurs
déjà nette à Mourenx.
Autre constatation; l'émigration a été spectaculaire dans les vallées ,
surtout vers la fin du XIX° siècle , la population étant
divisée pratiquement par 2 ou 3, voire plus dans certains cas: certains
villages ont même vu leur population divisée par 10 en un
siècle.
Comment cela a-t-il pu être possible ? le droit d'aînesse appliqué dans
toute sa rigueur, joint à la diminution de terres disponibles (surtout
dans nos vallées) doivent y avoir une part importante, ainsi également
que l'industrialisation et les impératifs -corollaires- de rendements
de plus en plus élevés, avec de moins en moins de personnel.
Cette situation a entraîné une forte émigration, à destination de
l'Amérique principalement , en croissant régulièrement de la fin du
XVIII° siècle à la fin du XIX°siècle (après l'avoir été du XV° siècle
au XVII° siècle en direction de l'Espagne : Aragon, Navarre, et plus
curieusement, vers l'Andalousie et la région de Valence )..Il faut y
ajouter la vague migratoire des protestants au XVII° siècle, vers le
nord de l'Europe et l'Amérique
C'est ainsi qu'un grand nombre de personnes et de personnalités
d'outre-atlantique ont des racines béarnaises . Par exemple, le premier
président de la première république argentine (Juan Martin Pueyrredon)
était originaire d'Issor en Barétous etc...etc...etc....et bien
d'autres ! ( Mon livre Lo
Noste Béarn recense tous ces émigrants béarnais
qui ont acquis la célébrité loin de leur terre d'origine). Voir aussi à
ce sujet ma page diaspora
Somme toute, la population s'accroît dans l'ensemble du Béarn, mais un
rééquilibrage est urgent pour redynamiser, revaloriser certains centres
"historiques" comme Orthez, Oloron et Nay. Il serait entre autre,
important, voire indispensable de ne pas s'oublier tout le Vic-Bilh /
Montanérès et de revitaliser aussi ce secteur qui présente bien des
attraits avec sa géographie particulière faite d'une succession de
longues lignes de crêtes entrecoupées d'importants vallons, que
drainent parfois de jolis lacs collinaires.
Quel avenir ?
: La priorité principale est de maintenir autant que faire se
peut les béarnais chez eux ..bibé aü
païs ..(víver au país
) dit-on depuis longtemps (il faut que nos jeunes
puissent rester à casa; vivre au pays et bien y vivre de
préférence). loin de chez lui, le béarnais est perdu s'il n'a
plus le repère permanent de ses montagnes. Pour atteindre cet objectif,
il est bien entendu nécessaire de conserver les entreprises existantes,
mais il faut prendre en compte que le travail en entreprise (en dehors
des grosses boîtes) connaît, pour de multiples raisons, une certaine
fluctuation ... et en tirer les conséquences... Il peut être bon de
rappeler ici que de nombreuses entreprises installées en Béarn sont
polluantes, voire très ~
Il faut également faire en sorte que nos agriculteurs continuent d'être
les jardiniers de nos paysages et les encourager à conserver
les races béarnaises en voie de disparition (vaches, brebis, ânes...) ,
mais aussi à les encourager autant que faire se peut, à pratiquer
l'agriculture biologique (pour X raisons évidentes). Dans ce registre
paysager, c'est une des priorités de ne pas défigurer notre Béarn en
ouvrant des carrières à gogo, porcheries industrielles, usines
polluantes ou autres initiatives malheureuses (pour des bénéfices à
très court terme) pouvant entraîner des effets irrévocables. Le gave
d'Aspe en est hélas, un exemple frappant.
Enfin, enfin, enfin !!! Il est temps de se pencher vraiment
et de manière méthodique, voire exhaustive, sur notre incomparable
patrimoine et l'exploiter (intelligemment) ...car...On ne
peut pas et on ne pourra jamais délocaliser le Béarn.
Pour ce faire, il faut évidemment renforcer le tourisme : le tourisme
blanc , le tourisme vert (forme douce, respectueuse de
l'environnement) et l'avenir ....: le tourisme
culturel et/ou ludo-culturel (apprendre en se
distrayant). Ces trois aspects peuvent d'ailleurs se concevoir réunis à
l'occasion. De plus en plus, les gens ne veulent plus se
contenter de se faire cuire la couenne passivement; ils veulent faire
aller leur corps, faire fonctionner leurs neurones , découvrir,
apprendre, se pénétrer , s'enrichir de l'autre et de leur environnement
...Le tourisme culturel a un potentiel énorme; on peut déjà
commencer par convaincre nos propres concitoyens de l'immense richesse
de leur patrimoine (dans tous les sens du terme) .
On oublie ce qu'on pourrait nommer le tourisme interne. Quel plaisir
pour de nombreux habitants de notre département ou d'ailleurs, d'aller
chaque dimanche visiter une commune béarnaise, pour la plus grande joie
et la plus grande fierté des communes concernées . ... On a là une
véritable mine!
On va faire du trekking au Népal avant de faire le tour du pic du midi d'Ossau,
par exemple. On a la matière première en quantité: il faut donc à
partir de cette manne, innover , proposer , inventer, aller au
devant... "la meilleure façon de prédire l'avenir est de l'inventer"
..
On peut s'orienter vers des propositions multiformes, associant
culture, pédagogie et distractions ludiques. Il est évident à
bon nombre que ce qu'on considérait comme folklorique doit
devenir maintenant un atout économique (nos voisins basques
l'ont compris depuis longtemps).
Il nous faut (entre autre) sortir des oubliettes notre belle langue
millénaire: le béarnais, et en faire un porte drapeau... Pour
vous en convaincre, feuilletez les pages d'un dictionnaire béarnais
(librairie ou bibliothèque). Nos élus doivent bien se pénétrer de cette
richesse qu'on a là en jachère...comme une mine d'or inexploitée. Il
faut bien dire que le Béarn semble vivre une sorte de
complexe d'infériorité par rapport à ses voisins basques. Nous aussi
nous avons une langue qui nous est propre, moins ancienne que
le basque (encore qu'elle comporte elle aussi, des mots venus de la
nuit des temps comme le mot gave par exemple ) mais tout aussi riche et
tout aussi belle....Nous aussi nous avons nos couleurs, notre drapeau
(de plus, nous pouvons nous identifier à nos baquettes présentes sur
notre drapeau car elles sont pétries de vertus: elles sont fières,
généreuses, courageuses et ont le sens de l'abnégation .. quoi demander
de plus? ) . Nus aussi nous avons nos chants (une anthologie
de la chanson béarnaise -non exhaustive de surcroît- recense
un millier de chants béarnais) , notre cri de ralliement (anilhet) ,
nos danses, notre folklore, nos légendes etc...
En sus,
dans une recherche de cohérence, il faut ramener très vite notre
compagnon de toujours, l'ours, dans nos montagnes; non
seulement en raison du côté affectif ou idéaliste, mais aussi , plus
matériellement, comme force d'appel extraordinaire. Ne parlons
pas non plus de devoir moral, mais en restant sur le seul
plan prosaïque (c'est celui qui semble marcher le mieux..),
l'ours est un atout incomparable. L'image de l'ours est d'une
force symbolique colossale...et déteint sur quantité de domaines...(ce
que certains ont du mal à assimiler). Ce n'est peut-être pas
pour rien si la station de ski de La Pierre Saint-Martin en a fait son
logo, par exemple.
Aragon a dit "la femme est l'avenir de l'homme", nous nous
disons en le pastichant et en extrapolant :
"l'ours
est l'avenir du béarnais" .ainsi que: "le
béarnais est l'avenir du
béarnais"
Il
faut des sous entend-on....D'une part, il y en a , et beaucoup - ..
(mes que n'i a sos, e hèra) !!! ... [il suffit de
lire quotidiennement les journaux locaux pour se rendre compte de
l'incroyable gabegie en ce domaine ... des millions d'euros sont
gaspillés...-vrai- Le seul budget attribué au secteur
touristique est plus que confortable ].
>>d'autre
part, il s'agit au moins autant d'une question d'attitude, de volonté,
amenés par une prise de conscience.. Par exemple, une intervention des
plus intelligentes et des moins coûteuses de ces dernières années a été
tout simplement d'aménager des chemins de randonnées un peu partout en
Béarn.....il faut continuer à en dégager , sans oublier d'en assurer
une maintenance régulière (y'a des emplois à la pelle là..) etc...des
arboretums...des sentiers
d'interprétation
etc.... Plus cher, mais très
intelligent serait de bien goudronner au mieux toutes nos routes, (ce
qui profiterait à tout le monde) car les cyclistes peuvent aussi
représenter une manne et le Béarn, peut ainsi étendre la palette de ses
propositions en matière de balades. C'est vrai que le relief de notre
País se prête admirablement à tout ce qui est promenade. L'altitude du
Béarn se distribue entre une vingtaine de mètres au nord-ouest à près
de 3000 m au sud-est, ce qui explique la gamme des variétés de relief
qu'on peut trouver... et les activités inhérentes qui peuvent
s'y inscrire.
C'est notre nature, notre territoire qu'on modèle, qu'on a plaisir à
embellir , à présenter..et à partager..
On peut très bien concevoir de placer au bord de ces chemins des panneaux explicatifs
(concernant l'environnement immédiat, plus lointain ,
l'histoire..etc...tout ça avec une traduction en béarnais..) , à
l'image des petites plaquettes éditées par le conseil général . Il y a
par exemple à Estialescq près d'Oloron, un chemin des Marlères et
d'autres initiatives heureuses de ce genre dans quelques endroits.
Chaque commune devrait avoir son
parcours initiatique
racontant son histoire et expliquant son
environnement .. fait tout simplement de panneaux explicatifs balisant
un itinéraire, accompagné d'un feuillet détaillé. Après avoir étudié
chaque commune, je suis convaincu qu'une telle chose peut se faire
partout - intelligence, innovation, goût, accueil -
Question innovation; on peut également très bien exposer des oeuvres
d'art en pleine nature .......(allez donc voir le lit immense du parc
Pommé à Oloron, symbolisant le repos du pèlerin .. et au fond du parc,
un cercle de poètes (béarnais) disparus)
...Cumulons
NATURE
- PLAISIR - DÉCOUVERTE
- ART - PATRIMOINE ...
Enfin n'oublions -surtout- pas que le côté humain peut être grandement
un facteur multiplicateur de tout ce qui peut être proposé:
Pour l'accueil; sourire , gentillesse, générosité , disponibilité,
implication, professionnalisme, humour, joie, restent des valeurs
sûres. (qui deviennent de plus en plus rares, hélas!)
Et si le Béarn attirait en premier lieu par la chaleur de l' accueil
??? Ce qu'on pourrait appeler (en attendant mieux), la Biarnesa
Actitud --- RÊVONS---RÊVONS--- et
AGISSONS !
|
RESSOURCES
Au niveau des infrastructures d'accueil
, qu'il s'agisse d'accueillir touristes, congressistes, pèlerins....,
les propositions sont excellentes quantitativement et qualitativement.
Le nombre impressionnant de gîtes est à cet égard évocateur, avec
toutefois un léger déséquilibre entre secteur montagneux et autres.
Dans le domaine des loisirs, de grands progrès ont été réalisés ces
toutes dernières années avec de nouveaux musées, de nouvelles
attractions-animations ( Parc aquatiques d'
Estialescq (vers Oloron)
, de
Baudreix,
(vers Nay), d'Orthez ; Activités Accrobranches à Aramitz,
Bordères, Eaux-Bonnes) . Tout récemment ont vu le jour le
Parc animalier de Borce, la Maison du cheval dans les haras nationaux
de Gelos..), et des projets importants sont prêts à sortir des
tiroirs:
Parc nautique
gigantesque sur le gave de Pau entre Mazères Gelos et
Pau; Aménagement du Fort du Portalet en vallée d'Aspe; Musée
archéologique du Vic-Bilh à Claracq; Maison des Pyrénées dans
le château Franqueville de Bizanos; Musées de l'émigration à
Oloron et/ou Pau; Musée du saumon; Espace du Souvenir à Gurs; Musée de l'aviation intercommunal sur le
plateau du Pont-Long etc..
Quantité d'associations se sont créées pour
exploiter les possibilités sportives découlant des particularités du
relief béarnais : escalade, spéléo, canyoning, rafting, kayak,
parapente, montgolfière, sports équestres, sports mécaniques
etc...Beaucoup de communes possèdent plusieurs
associations. Il est difficile de faire mieux en terme de propositions
de loisirs sportifs. (voir page
loisirs).. si ce n'est de
rendre les prix plus raisonnables et attractifs.
......ça
bouge, ça bouge !
.. Y'a qu'a se baisser pour se servir, en quelque sorte, mais il est
également intéressant d'aller de par soi-même à la découverte de
"terrains" inexploités, voire inexplorés.
Il manque quand même quelque part un grand musée
béarnais, à l'image du musée basque de Bayonne(..la
gasconne, soit-dit en passant) . Nos voisins landais ont
réussi à recréer à Marquèze , un village landais du XIX°
siècle...pourquoi ne ferions nous pas de même quelque part. [Le
Vic-Bilh (délaissé) ne serait certainement pas contre]. Il en faudrait
aussi un spécifique à la partie montagneuse, puisque architecture et
mode d'organisation y sont différents.
On constate aussi que des personnalités historiques disparues sont
complètement délaissées ...il y a bien là au bas mot, une bonne
quarantaine ou cinquantaine de Maisons du souvenir
à réaliser........à commencer par une
grande maison de l'émigration
Par
exemple: Quand on pense qu'il n'y a rien de fait par rapport
à nos mousquetaires
(qui étaient bien béarnais)...,
~par rapport au plateau du Pont-Long , berceau de l'aviation française
(rien que ça) !!! (depuis que j'ai écrit ces lignes, on a
laissé démolir les 2
derniers hangars, témoins
des débuts du développement de l'aviation en France)
~par rapport à d'immenses personnalités béarnaises comme Pierre
Bourdieu (plus grand sociologue au monde avant sa disparition en 2002,
et dernier des grands intellectuels français) ....... aberrant
!!. Rien à Denguin où il est né, rien à Lasseube où
il a vécu son adolescence... et rien au lycée Louis-Barthou de Pau où
il a passé une partie de sa scolarité . Rien sur Juan-Miguel
Pueyrredon originaire d'Issor; libérateur de l'Argentine et son premier
président !!!
Ce ne sont que des exemples: Je pourrais compléter très largement cette
liste......Il faudrait tout de même placer au moins des plaques
souvenirs détaillées sur les lieux de vie de nos "grands hommes" ; un
(ou plusieurs) panneau explicatif ne coûte pas une fortune tout de
même....avant de parler de statue ou monument commémoratif..
A
travers tout ça, il y a assurément un énorme
gisement d'emplois en puissance, directs et induits et le
béarnais n'y perdrait pas son âme, loin de là.....peut-être y
gagnerait-il plus d'estime... et puis, n'a-t-on pas quelque part un
devoir de mémoire ?????
Pour les
béarnais, il s'agit d'ores et déjà de se rendre compte de la richesse
de son País; de prendre conscience de la nécessité de
protéger son environnement et de celle de sauver et faire
revivre sa
merveilleuse langue
© Hubert
Dutech ©
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