’est en montant à Paris muni
d’une lettre de recommandation de son père adressée au comte de
Tréville que d’Artagnan aurait fait la connaissance des Trois
mousquetaires béarnais devenus quatre par la grâce de sa présence. Ils
se seraient liés d’amitié à l’occasion d’une énième empoignade avec les
gardes du cardinal Richelieu, lequel complotait à tour de bras contre
le roi. La scène se déroule au début du XVII° siècle, sous le règne de
Louis XIII, fils d’un béarnais lui aussi rappelons-le : Henri IV. En fait,
les choses ne se passèrent pas tout à fait ainsi. Historiquement, rien
ne peut affirmer avec certitude que d'Artagnan ait servi sous les
ordres de Tréville. Des rôles de la compagnie des mousquetaires font
référence à la présence d'un Charles d'Artagnan, mais on ne sait avec
certitude duquel il s'agit. Par contre, notre d'Artagnan avait un frère
plus facile à repérer que lui; Paul de Batz, présent en 1640 au
régiment des gardes de Louis XIII. Par la suite, Paul de Batz sera
nommé par Louvois, gouverneur de la place forte de Navarrenx , en Béarn
(première enceinte bastionnée de France).

Le
comte de Tréville, véritable capitaine des mousquetaires est
également un béarnais : il se nomme en fait Jean-Arnaud Du
Peyrer. Il est né à Oloron-Sainte-Marie
(où il a sa statue) en 1598, de Jean du Peyrer, un
riche marchand
d’étoffes oloronais et de Marie d'Aramits. Grâce à sa richesse, le père
put acheter un fief noble en territoire souletin : celui de
Troisvilles, d'où le nom de Tréville acquit par la suite. Jean-Arnaud
de Tréville devint tout bonnement, de par sa finesse, le troisième
personnage de l’État français après Louis XIII (qu'il conseillait) et
Richelieu (qui s'en méfiait). Il devint capitaine de la
compagnie des mousquetaires en 1631. Richelieu le fit tomber en
disgrâce et le fit exiler de la Cour. Il mourut en son château de
Troisvilles le 8 mai 1672. Son frère, Pierre Arnaud
de Tréville, suivit
également une carrière militaire en tant que major
(lieutenant-colonel), et son fils Joseph-Henri entra dans le corps
d'élite des mousquetaires.
ais
qui étaient donc nos 3 mousquetaires ?
ATHOS (dit comte de la Fère)
: C’est le fils cadet d’Adrien de Sillègue, seigneur d’Athos et
d’Autevielle (région de Sauveterre-de-Béarn) . Sa mère était une
Peyrer, tout bonnement la cousine de Tréville. Grâce à la protection du
capitaine de Tréville, Armand de Sillègue d'Athos
d'Autevielle est reçu dans la compagnie des Mousquetaires du roi en
1640. A vrai dire, il n’y est resté que peu de
temps, puisque la mort
est venue le cueillir lors d’un duel le 21 décembre 1643 au
sortir de
la foire de Saint-Germain. L’histoire romancée veut qu’il ait en cette
occasion, ferraillé avec ses compères Aramis et Porthos, pour tirer
D’Artagnan d’un mauvais pas.
 ans son roman, Alexandre Dumas
décrit Athos comme un grand connaisseur
de l’art de la vénerie et fauconnerie, ce qui aurait même étonné Louis
XIII en personne . Dans ce même roman, c’était le mari malheureux de
Milady de Winter ( une aventurière perfide qui le ruina) et
le père du vicomte de Bragelonne. Allégations qui n'ont bien entendu
rien à voir avec la réalité. En résumé, Alexandre Dumas fait d'Athos un
symbole de la noblesse.
PORTHOS
(dit
du Vallon): De son vrai nom Isaac de Portau ;
il est né à Pau en 1617
(baptisé le 2 février) . Porthos rencontre d'Artagnan
en1640, mais tous
deux n'entreront dans la compagnie des mousquetaires, qu'en 1643,
avec
un doute pour D'Artagnan. Il était né avec une cuiller
d'argent dans la bouche, puisque son grand-père était officier de
cuisine d'Henri IV, et son père secrétaire du roi et des États de
Navarre. Il avait un frère nommé Jean qui entra également dans la
compagnie des mousquetaires du roi. Il était aussi avocat en la cour du
Parlement de Navarre et contrôleur de la garnison de
Navarrenx. Suite à son mariage avec David de Forcade, sa sœur
entra en possession de l’abbaye
laïque (spécialité béarnaise) en partie conservée, de
Lanne-en-Barétous (dans la vallée de Barétous,
canton d'Aramits). En 1650, il est blessé
au combat et Jean
lui offre la "garde des munitions" dans la forteresse de Navarrenx. Il
semblerait que Porthos ait fini sa vie à Lanne, auprès de sa sœur.

Le château de Porthos à Lanne-en-Barétous (qui fait actuellement office
de gîte)
Une chanson barétounaise rend grâce à la vaillance de ses enfants : "én
barétous i a dé bous garçous, baré-baré-baré - barétous" (au
Barétous, il y a de bons garçons, baré, baré, baré, barétous !) que les
mousquetaires barétounais ont porté au zénith. Dans le roman de Dumas,
Porthos représente la force tranquille personnifiée sous les
traits d' un géant débonnaire à l'humeur toujours égale.
ARAMIS (dit Chevalier
d'Herblay): Henry porte le nom du village d’Aramits
(vallée de Barétous) dans lequel il possédait une abbaye laïque :
« le château de L’Abadie », dont seul l'encadrement
du portail d'entrée est conservé (ci-contre) . Il serait né vers 1620.
En 1640, il entre dans la Compagnie
des Mousquetaires, corps dans lequel son père (voir ci-dessous) avait
d’ailleurs
appartenu avant lui. Son grand-père Pierre d'Aramitz était un noble
huguenot
(protestant) qui s’était mis aux ordres de Jeanne d’Albret lors des
guerres de religion. Marié à Jeanne de Sauguis, fille d'un
abbé laïque de Soule dont il eut trois enfants . La benjamine Marie qui
épousa en 1597Jean du Peyrer, fut la mère du comte de Tréville . Le
cadet Charles rejoignit la compagnie des mousquetaires. Il épousa
Catherine de Rague, fille du seigneur d'Espalungue de Laruns -également
mousquetaire- . De cette union naquirent deux filles et ... notre
Henry, neveu du comte de Tréville et ... cousin d’Athos. Tout ça se
passait donc en
famille. Aramis servit aux côtés de son père, alors maréchal
des logis, jusqu'à la dissolution de la compagnie.
Bien que d'essence protestante, en 1650, Aramis
épouse Jeanne de Béarn-Bonasse dont la
famille, farouchement catholique, fut longtemps propriétaire du
château-abbaye voisin, d’Arette (ci-contre) toujours
debout. De ce mariage naquirent quatre enfants, dont Clément,
qui vendit la demeure familiale en 1690.Dans le roman d’Alexandre
Dumas, le
chevalier d'Herblay est un poète qui navigue sans cesse entre
mysticisme et amours galantes .
A la lecture de
rôles des compagnies de mousquetaires,
bien d'autres béarnais ont été recensés, dont Isaac de Batz, originaire
de Nay.
~ A la fin du roman d'Alexandre Dumas,
D'Artagnan qui se réconcilie
avec le cardinal de Richelieu est promu lieutenant. Athos se retire à
la campagne, Porthos se marie, et Aramis devient prêtre.
*Rappelons la célèbre devise des mousquetaires plus que jamais
d'actualité et dont nous devrions nous inspirer bien plus
souvent :
" UN POUR TOUS, TOUS
POUR UN "
.
|